Le langage des émotions

Une perspective binaire, issue d’une double dichotomie émotions/raison et corps/esprit a longtemps contribué à dévaloriser les émotions, perçues comme des perturbations de l’âme et du corps. Depuis les années 1990, de nombreuses recherches en sciences sociales ont intégré l’étude des émotions, pour constituer ce qui a été nommé le « tournant affectif » (Clough, 2008 ; Woodward, 1996).

Différentes recherches ont pu par exemple mettre en évidence les liens entre émotions, sentiments d’injustice et résistance politique aux discriminations. Mieux identifier les émotions qui nous traversent peut ainsi permettre de saisir la façon dont elles peuvent s’ancrer dans les rapports sociaux de pouvoir, et prendre leur source dans des épreuves collectives telles que les discriminations, les mécanismes de domination ou les inégalités à l’œuvre dans notre société.

Les émotions peuvent en effet servir de révélateurs des discriminations et de leviers vers la critique sociale et politique. Cette perspective est particulièrement prégnante au sein des approches féministes. Elizabeth Spelman, par exemple, envisage la colère comme une réaction à la « subordination » . Les émotions ont un véritable pouvoir de transformation — ou de conservation !— sociale et politique et permettent de créer des ponts entre construction des subjectivités et changement social.

Le Langage des émotions est un outil composé de 69 cartes illustrant des émotions, 4 cartes « météo » et de 7 pistes d’animation avec quelques éclairages théoriques pour explorer le large panel des émotions dans toutes leurs nuances. Sous cet aspect ludique se cache un puissant moteur d’exploration et d’émancipation de soi et des autres et de transformation de nos rapports sociaux.